A
vous que le sort d’une langue ne peut laisser indifférents.
Madame, Monsieur,
L’heure est grave pour une langue
française en pleine déliquescence alors que les réjouissances de « la
Journée mondiale de la Francophonie » du 20 mars soulèvent déjà tous
azimuts un engouement incongru, festivités qui camouflent mal
le côté plutôt terne de la médaille.
Aussi redemandons-nous avec insistance
aux élus de Suisse romande de mettre en place tout un arsenal de garde-fous
susceptibles d’enrayer ou du moins de freiner pareille dégringolade.
A cet effet, nous proposons une
véritable loi de protection de notre idiome, un dispositif juridique qui
s’inspirerait de la Loi 101 du
Québec et qui instaurerait un réel « droit au français » dans tout
l’espace public, dans l’affichage, dans les entreprises, dans la publicité,
dans le numérique, un légitime et plein droit à la chanson française dans les
supermarchés, etc.
De même, il incombe aux autorités
politiques romandes de faire pression auprès du Gouvernement fédéral en vue
d’une modification de l’art. 944 du Code
des obligations. Ces dernières dispositions permettent, par un laxisme
ahurissant, le foisonnement de raisons sociales en anglais dans tout l’espace
francophone, et ce au détriment d’une langue qui a le seul malheur d’être chez
elle.
Lorsque l’on défend le français chez
soi, il est évident que ce sont toutes les langues du monde que l’on protège
contre l’hégémonie d’une seule.
Nous saluons d’avance tous les
efforts que vous déploierez pour une langue que d’aucuns considèrent comme une
authentique œuvre d’art et dont la survie est l’affaire de tout un chacun.
Philippe Carron et Jacques Badoux, Lausanne